Chemin faisant. Autour des performances de Beat Lippert

Comment renouveler le regard que nous portons sur un objet, quand celui-ci est irrévocablement attaché, ce qui est souvent le cas des œuvres du patrimoine, à son contexte d’existence ? Beat Lippert engage, dans plusieurs de ses travaux, des processus de duplication et de transport d'œuvres culturelles — voire cultuelles, s'agissant de Sepultura — préexistantes. Les performances qu'il propose opèrent un double déplacement, un déplacement à la deuxième puissance. 


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Etats de la matière de Pauline Bastard

La sculpture, dans plusieurs de ses dimensions, met en évidence que le retranchement est un moment décisif de l'œuvre d'art, et peut même devenir l'une de ses conditions de possibilité les plus intimes. Il faut souvent retirer de la matière à la matière pour lui adjoindre une forme. Cette affirmation peut sembler fort triviale. Elle nous rappelle pourtant que le geste artistique peut naître d'avoir affaire à un trop plein, à un excès de présence auquel il doit se confronter, et ainsi le rencontrer véritablement, pour se déployer.


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Roulez jeunesse. Entretien avec Marylène Negro

Roulez jeunesse est un projet artistique développé par Marylène Negro, qui consiste à faire rentrer, par surprise, sans crier gare pourrait-on dire, le cinéma dans la vie d'un collège. Un fond sonore composé de cents extraits de films, lesquels sont tous disponibles dans une cinémathèque, c'est-à-dire une collection mais aussi un espace où elle puisse véritablement exister, vient aini, selon un cycle déterminé, troubler les habitudes des élèves et de leurs enseignants tout au long de l'année.


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Déplacements. Entretien avec Beat Lippert

Beat Lippert est un plasticien qui, à partir de la sculpture, de la performance et de l'art vidéo, interroge, en les dupliquant et en les déplaçant, le sens des objets qui façonnent le monde dans lequel nous vivons.
Transport en radeau, de Paris au Havre, d'une duplication de la Victoire de Samothrace, copie à l'identique d'un petit cimetière familial suisse, fabrication en série d'une pierre dont 4500 exemplaires sont exposés comme un tableau.
Beat Lippert engage ces formes diverses, empruntées à l'histoire de l'art et à nos habitudes culturelles, dans des processus singuliers qui en révèlent des aspects que notre quotidien nous a rendus inaccessibles.


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Petit matin de Christophe Loizillon

Christophe Loizillon a initié, il y a plus de quinze ans, une nouvelle pratique dans son itinéraire de cinéaste avec un film qui s’appelle Les mains. Le cinéma, comme tous les arts plastiques, a de toute évidence une dimension manuelle et artisanale. Depuis lors, Christophe Loizillon ne cesse de creuser cette possibilité, en la déployant dans le cadre d’une contrainte – celle du plan séquence – dont le sens, et c’est le cas de la plupart des obstacles qui nous viennent, est de réveiller une liberté de ton et de création.


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Francois Chaignaud et Cécilia Bengolea / Twerk

Le duo de chorégraphes est connu pour son goût pour les formes mineures et populaires de la culture chorégraphique. La patience et l'application de l'historien et le penchant vers l'approche expérimentale de l'anthropologue de terrain se conjuguent dans une œuvre toute en couleurs qui essaime de petits bijoux à partir d'une danse de hula hoop —Duchesses (avec Marie Caroline Horminal) — ou encore des défilés survoltés de voguing — (M)IMOSA / Twenty Looks or Paris is Burning at The Judson Church (M) (avec Marlène Monteiro Freitas et Trajal Harrell). Altered Natives Say Yes to Another Excess s'inscrit dans cette lignée, et le titre recèle une affirmation identitaire à travers un slogan aux sonorités de pom-pom girls.


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Translation de la luxure

Duo désormais incontournable de la scène parisienne, Cecilia Bengolea et François Chaignaud ont concocté pour leur passage à la Ménagerie de verre un programme sulfureux et aguicheur. Aux images érotiques de l'une répondent les chants voilés mais néanmoins explicites de l'autre. Et ces couplets légers et enjoués ont sacrément besoin d'images crues, empreintes d'une esthétique post-porn pour que la soirée n'en reste pas au stade du divertissement bonenfant. 


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Olivier Dubois / Tragédie

Olivier Dubois lance systématiquement ses performeurs à la charge, sans cesse recommencée. Cette nouvelle création puise sa force indéniable, non pas dans l’élan vital de chacun de ces dix-huit danseurs et danseuses, mais dans des règles combinatoires froides, efficaces, écrasantes. Les corps chauffés à blanc s’épuisent dans les rouages d’une machine grandiose, désincarnée : Tragédie


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Olivier Dubois / Prêt à baiser

Olivier Dubois nous invite à un rendez-vous d’une rare intensité. Son baiser est vorace, il va chercher dans la bave et la sueur l’élan vital de l’autre, remue les tripes et frôle l’anéantissement. Dans ce corps à corps réduit à sa puissance viscérale, désir et volonté prédatrice hurlent leur nom, des thèmes majeurs qui parcourent l’histoire de l’art sont rendus à la chair. 


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Meg Stuart / Violet

Sur le plateau du Centre Pompidou, dépourvu de tout autre attirail qu’une tôle de fond qui sera, au gré de la pièce, écrasante, immuable et froide, vibratile ou miroitante, cinq danseurs nous font face. Installé au milieu de ses machines, percussions et autres guitares électriques, Brendan Dougherty reste attentif et concentré. Ce face à face dans un silence absolu semble interminable : la tension monte, devient palpable, se transmet au public qui attend la déferlante de la vague Violet, le souffle coupé. Nous l’imaginons dévastatrice, tant l’électricité statique charge l’air. Elle arrive tout en douceur, elle se saisit d’abord d’une partie du corps bien particulière, différente d’un interprète à l’autre, puis elle s’intensifie, tout comme le son. 


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