Quel jugement devrais-je craindre ? de Pierre Weiss

Un homme et une femme se font face dans un salon. Leurs échanges semblent réglés par des codes sociaux biens établis. La bienséance est particulièrement ostensible, et pas un mot plus haut que l’autre ne vient troubler l’apparaître d’une situation dont le fond est pourtant, quant à lui, travaillé par un dérèglement manifeste. L’homme et la femme, qui forment sans doute un couple bien installé dans l'existence, s’adressent une phrase particulièrement violente si nous écoutons le lieu véritable de son énonciation, dans une tonalité et un registre affectif qui lui semblent particulièrement inappropriés.


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Exposer la lumière. Rencontre avec Ismaïl Bahri

Dans le cadre de sa résidence à la Fabrique Phantom (Khiasma), Ismaïl Bahri élabore un dispositif de prise de vues qui interroge l'outil caméra, en cherchant à retrouver des possibilités plastiques familières des images argentiques, et qui semblent perdues pour  - et par - le numérique. A l'aide d'un obturateur qu'il a lui même fabriqué, Ismaïl Bahri réalise des séquences vidéo qui bouleversent notre rapport aux images et, dans un effort pour ne pas coïncider avec ce qui se présente devant le cadre, induisent une relation au réel qui lui redonne sa part de mystère et son excès sur nos capacités d'appréhension.


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Discours tombés des rushes de François Barat

Les lieux du cinéma sont pluriels, et les pratiques qu'il peut engager le sont également, la première étant  peut-être l'écriture littéraire. Le livre de François Barat interroge à plusieurs nvieaux les liens qu'entretiennent le film et l'écriture, en partant du constat simple, emprunté à Jean-Luc Godard, selon lequel écrire, pour les cinéastes, et encore une manière de faire du cinéma : "Au temps béni des évangiles selon Godard, il disait (en ce temps là, donc !) qu'écrire était pour les cinéastes une certaine manière de faire des films, écrire du cinéma, c'était selon Godard faire aussi une sorte de cinéma" (p.109). 


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A propos de Quel jugement devrais-je craindre ? de Pierre Weiss

Le film de Pierre Weiss met en scène trois situations, où quelque chose semble bloqué, les mêmes phrases, les mêmes gestes se répètent à l'envi, buttent sur un invisible grain de sable qui empêche la scène d'évoluer. En lieu et place des échanges attendus entre un mari et sa femme ou un homme et son voisin de pallier, une violence verbale, puis physique, roule comme une vague et se répète inlassablement, comme une roue qui tourne sans fin.


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Who Chooseth Me de Pierre Moignard

Une fois passée la nuit que fait exister, d’un point de vue sonore, le chant des grillons à l’ouverture du film, la toute première attention de Who Chooseth Me sera pour deux visages possibles d’une seule et même humanité. Dans la moitié gauche de l'écran, un jeune homme, emmitouflé dans un sac de couchage, allongé dans le sable. Lui succède immédiatement, dans la partie gauche du cadre, le visage d'une jeune femme qui, semblant répondre à une indication venue de la caméra, regarde autour d'elle. Ces premières images posent le dispositif filmique de Who Chooseth Me et nous permettent, au seuil de notre entrée dans le film, de sentir ce qu'il engage.


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François Chaignaud et Cécilia Bengolea / Dub Love

La salle est comble, les gens sont serrés, se serrent plus, l'attachée de presse est tendue, trop de réservations, trop de confirmations de réservations, peut-être, c'est la première de F. Chaigneaud et C. Bengolea.

En face, un plateau presque vide : un soundsystem (enceintes) et un projecteur comme seul décor. Aussi un miroir ? On peut se demander si ce miroir fait partie de la scénographie ou si les deux chorégraphes l'ont intégré, après coup ; si sa saleté et les traces de main sont volontaires ou si elles ne sont que le résultat des échauffements et répétitions.


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Le cinéma, un art plastique, de Dominique Païni

Comme tous les champs de la création, le cinéma communique avec les autres arts, et de manière privilégiée avec la peinture. Le cinéma, un art plastique est un recueil d’articles qui pose la question des relations du film, sans pour autant mettre un accent particulier sur un cinéma plasticien, avec l’espace muséal. Il ne s’agit pas tant en effet pour Dominique Païni de montrer que le cinéma se nourrit et se laisse transformer par une plasticité empruntée à un autre horizon que le sien, mais d’affirmer qu’il engage un faire qui a toute légitimité à rejoindre les cimaises des musées, cet espace différent de la salle et qui peut induire un regard neuf, poser autrement la question de l’épreuve d’un film dans sa temporalité.


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Entretien avec Jayne Amara Ross et Frédéric D. Oberland

Farwell Poetry est un collectif, qui met en œuvre et en scène une écriture poétique, cinématographique et musicale. Des films tournés en pellicule argentique et réalisés en vue d'être joués sur scène sont performés lors de prestations qui peuvent être données aussi bien dans des lieux de concerts que dans des salles de cinéma. Rencontre avec Jayne Amara Ross et Frédéric D. Oberland, initiateurs de ce collectif qui explore avec une même rigueur et un même élan recherches plastiques et sonores.


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Jonas Mekas. Films - Vidéos - Installations

L'initiative de Pip Chodorov, qui a consisté à fixer une état de la filmographie de Jonas Mekas, vient combler une lacune importante. La disparité des oeuvres et des informations dont nous disposons, la multiplicité des structures qui les ont ou bien provoquées, ou bien accueillies dans leur catalogue, rendent très incertaine la visibilité que nous pouvons avoir de la filmographie du cinéaste dont la pratique est si libre qu'elle ne cesse de produire des résultats nouveaux sans que nous puissions en prendre acte. S'agissant de Jonas Mekas, les difficultés sont accrues par la méthode même de fabrication des films, que le cinéaste a éprouvé tout au long de sa vie, et qui consiste à collecter une quantité d'images qui pourront être montées — ou non — bien des années après qu'elles aient été tournées. Nous disposons donc aujourd'hui d'une documentation arrêtée sur ce qu'il est convenu d'appeler la filmographie de Jonas Mekas, laquelle comprend bien autre chose que des films, et c'est heureux.


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Renversements 1 & 2 d'Erik Bullot

Les figures du renversement sont diverses, et permettent de penser le cinéma dans des directions variées. Conçus comme des collections d'articles préexistants, les deux volumes publiés sous le titre Renversements aux éditions Paris Experimental permettent à Erik Bullot de tracer un itinéraire frappant par sa cohérence et par le spectre qu'il embrasse à travers l'histoire des formes en mouvement. 


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