Enrique Ramirez & Jacques Perconte à Côté Court

L’intranquillité, le mouvement, la démesure sont des traits que partagent les travaux si singuliers d’Enrique Ramirez et Jacques Perconte. Ce printemps, deux galeries parisiennes montraient leurs œuvres dans des expositions monographiques. Cartographias para navegantes de tierra rassemblait des vidéos d’Enrique Ramirez sous le signe d’une grande voile dans les espaces de la galerie Michel Rein, rue de Turenne, alors que les films génératifs et des prodigieux tirages photographiques de Jacques Perconte proliféraient sur les murs de la galerie Charlot. 


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Fugue géographique d'Erik Bullot

Fugue géographique, avant d'être un court film de 4 minutes, est une pièce musicale d'Ernst Toch, compositeur autrichien du début du 20e siècle, dont la technique du choeur parlé semble rejoindre directement les recherches d'Erik Bullot sur le bégaiement et la ventriloquie, deux phénomènes vocaux qui creusent un écart, introduisent un retrait et une différenciation dans le régime de la vocalité, et participent par là de son dévoilement.  Ce film en est le témoignage immédiat.


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La voie lactée de Marie Vermillard

Un homme vêtu de blanc sort de la nuit et avance doucement vers la caméra. Ses mouvements sont lents, comme ralentis. L'appel strident des grillons, qui situe la scène dans un sud chaleureux, devient cette musique du silence que nous pouvons entendre, lorsque vient le soir, dans la torpeur de l'été, une mélodie offerte en prélude à un récitatif à venir. Arborant une casquette de marin, un panier rempli de bouteilles de lait au bout du bras, l'homme semble tout droit sorti d'un roman de Jean Genet. La caméra suit son mouvement vers une lumière étincelante. L'homme est un astre qui part à la rencontre d'un autre corps céleste. 


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dont la réalité s'impose. Une comédie musicale de Pierre Weiss

Un vaste appartement. Quelques très courts plans d'insert nous mettent en présence de cet espace désert. Un accord de guitare tranche sur un noir, qui va introduire le premier personnage de ce dont la réalité s'impose. Une comédie musicale. Un guitariste, assis sur une chaise, à côté de son ampli, lance des lignes de musique, entre blues et  accords dissonants. La bande sonore du film est créée in situ, et fournit au film une part de son matériau visuel. Rien n'explique la présence de ce musicien, ni celle de la jeune femme au grand manteau, qui va bientôt partager l'espace avec lui, sans le rencontrer véritablement. 


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Of Men and War de Laurent Bécue-Renard

Comment filmer la guerre ? Un nombre remarquable (et remarqué) de films présentés cette année lors du Festival de Cannes tentent de répondre à cette question. Elle nous renvoie aux mots de Chris Marker dans Level Five, affirmant que si le cinéma était en odorama, il n’y aurait pas de « films de guerre », car leur projection ne serait pas supportable. La guerre, en tant que telle, ne se filme pas. Ce qu’elle donne à voir, le spectacle qu’elle produit, dont le cinéma n’a cessé tout au long de son histoire de donner des versions, ne dit rien de ce qu’elle est. Ce que le deuxième film de Laurent Bécue-Renard, Of Men and War (Des hommes et de la guerre) – retenu en sélection officielle Hors Compétition et qui sera présenté en séance spéciale le mercredi 21 mai –, nous permet de saisir, c’est que la guerre ne se vit pas non plus. Elle se re-vit, elle surgit après-coup, son visage est celui d’un spectre qui hante ceux qui l’ont fait et ravage l’existence de ceux qui les entourent.


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Carole Douillard / The Viewers

Une joyeuse agitation règne dans les espaces du MAC/VAL. La Nuit des musées a commencé avant l’heure. Le jardin est encore gorgé de soleil. Pourtant le public se presse à l’intérieur du musée, naviguant entre les différentes propositions qui ménagent une place de choix à Esther Ferrer, invitée d’honneur de ce printemps, artiste à laquelle le MAC/VAL dédie une très belle exposition rétrospective. 


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Bruce McClure, In an Undivided Reality You Must Draw a Line Somewhere

Les 5 et 6 mars 2014 à Paris, dans les espaces vides du Plateau (FRAC Île-de-France), entre deux expositions, une programmation conçue par Philippe Decrauzat et Mathieu Copeland a donné au public parisien l'occasion exceptionnelle de voir deux projections-performances de Bruce McClure.


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Arnold Pasquier / Si c'est une Île, c'est la Sicile

Le film s'ouvre sur une scène de théâtre, ou un plateau de danse, au moment où la compagnie se sépare. Cet instant précieux permet de capter la dispersion en acte d'un groupe d'artistes, et donc de poser le motif même de Si c'est une île, c'est la Sicile, qui peut sonner comme un constat sur notre modernité : un peu partout dans le monde, les artistes disparaissent. Ce geste est aussi une occasion, dans les liminaires même du film, d’affirmer que le cinéma vit de se confronter à des pratiques qui lui sont hétérogènes. Quelque chose prend fin quand le film commence, en lui ouvrant une voie que lui seul à la charge d’explorer.


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Dieudonné Niangouna / Shéda

« Chercher l’écriture dans le ventre de la parole (…) une écriture qui se déplace de sa narration et tourne le dos au présent organique, s’éloigne du quotidien, contourne le réel pour d’abord et avant tout trouver l’essence. » 

Dieudonné Niangouna.


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Arnold Pasquier / L'italie

Un corps dans l'espace apporte au cinéma sa matière première. La première, c'est-à-dire celle à partir de quoi tout ce qu'il peut mettre en œuvre devient possible. Le cinéma d'Arnold Pasquier dessine des lieux en y déplaçant des corps, de danseurs le plus souvent. Les espaces dont il s'empare peuvent être des friches ou des chantiers. 


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