Clarisse Tranchard - Le marin c’est la nostalgie même
Projection
Centre Pompidou le 30/01/2017 à 20:00

Entrée libre dans la limite des places disponibles

Clarisse Tranchard, Le marin c’est la nostalgie même (2017), un film en work in progess entre 30’ et 60’

« Mon père faisait des photos, il était le seul dans la famille. Sans doute parce qu’il voyageait beaucoup, parce qu’il avait toujours voyagé depuis ses 18 ans. Un marin.
Le marin c’est l’abandon. L’abandon à lui-même, à la terre. La mer est un miroir de son propre désarroi. C’est pour cela qu’il ne devrait jamais revenir, se noyer pour parfaire cette traversée.
Les chagrins des marins sont tous les chagrins, leurs malheurs sont tous les malheurs du monde. Et leur espoir, celui de ne pas sombrer.
N'appelez jamais un marin,
N'appelez jamais un marin,
Ne l’interrompez pas
Ou un grand Malheur s’abattra.
Courrez à sa rencontre
Pour lui parler.
Courrez.
Le marin c’est la nostalgie même ; le temps s’arrête sur la mer, ou bien il s’écoule à l’envers pendant que la terre tourne et fusionne sur elle-même, s’électrifie et prend feu.
Le corps de mon père a été incinéré, sa mémoire est celle de tous les incendies, brûlé par la mémoire des vivants.
La mort nous transforme en vivant. Et ce sont les vivants qui écrivent l’histoire, comme cette femme à l’hôpital qui écrit le nom de mon père dans un registre, de sa plus belle écriture, appliquée. 
Être au bord du quai, les jambes dans le vide. L’eau recule comme dans un film de Dreyer.
Le mouvement, le passé, le présent.
Quand on est de la terre, où que l’on aille, on y reconnaît une parenté avec le point d’origine, celui d’où l’on vient.
Lorsqu’on est de la mer, elle est partout semblable, sans fin, unanime, ne ressemblant qu’à elle-même.
Je suis le fil rouge dans ce film, on m’y voit parce que je suis le matériau premier, malléable, disponible, gratuit. Les marins font des filles perdues. »

Une traversée proposée par Clarisse Tranchard accompagnée de Jérémie Nicolas



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