L'art tout contre la machine #1 - Simon Quéheillard
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Collège des Bernardins le 10/03/2018 à 10:30

Cette première séance du séminaire L'art tout contre la machine est construite autour d'un échange entre Simon Quéheillard, réalisateur, et Damien Marguet, Maitre de conférence à l'Université Paris VIII.


Faire refaire : trois films de Simon Quéheillard

Faire ou plus exactement tenter. Échouer d’un rien ou de beaucoup. Refaire plus ou moins différemment. Ces alternatives minimales sont une manière de décrire la poétique dont relève le travail de Simon Quéheillard. Pas de fin ni d’origine dans l’univers déployé par l’artiste, où tout est voué à se répéter, à différer, à s’infirmer perpétuellement. Si les dispositifs expérimentaux sur lesquels reposent ses films sont d’une précision scientifique, ils ne produisent qu’accidents, blocages et catastrophes. Dans Le Travail du piéton (2009-2017), la perturbation d’une mécanique emblématique de l’ordre urbain, celle de l’Escalator, vise à écarter le piéton de son trajet, de son programme. Les scènes burlesques auxquelles donne lieu le principe mécanique de Maître vent (2012) sont également des manières d’éprouver la résistance des matières et des corps à toute forme de « logistique ». Enfin, la série de rencontres accidentelles entre un corps marchant et des objets-rebuts dans De commencements en commencements (2016) nous renvoie à l’impossibilité de « marcher droit », et s’inscrit toujours dans une critique radicale de l’ordre causal et linéaire du « progrès ».

En présence de l’artiste et au contact de ses films, nous chercherons à cerner les enjeux de la poétique du geste à laquelle appartient son cinéma. Entrée libre 

Films projetés

Le travail du piéton, 15mn, année 2009-2017
Objets surgissants de la bouche d’un escalator, perturbant le roulis mécanique, l’artiste fait d’une machine emblématique de l’ordre urbain un instrument poétique où formes et sons s’assemblent en de multiples combinaisons éphémères. “Le rêve de Keaton, écrit Gilles Deleuze : prendre la plus grosse machine du monde pour la faire marcher avec de tout petits éléments, la convertir ainsi à l’usage de chacun, en faire la chose de tout le monde”.

Maître vent, 22' 30'', année 2012 (Production Khiasma)
Maître-vent est un film burlesque et animiste dont le principe moteur pourrait être décrit en ces termes : sur le bord d’une route départementale, des empilements d’objets hétéroclites sont soumis à l’action des courants d’air engendrés par le passage de camions semi-remorques roulant à vive allure. Dans ce film, les puissantes rafales, engendrées par les camions 38 tonnes, ne sont pas sans rappeler une forme de démesure, comme la tempête dans laquelle s’engage Buster Keaton dans cette scène du film Steamboat Bill Junior. Maître-vent est ici cette puissance orchestrée que la farce de la mise en scène nous permet, dés lors, d’affronter.

De commencements en commencements, 11mn, année 2016 (Production Spectre)
Un personnage peut naître d'un coup de bâton. Sous une lumière crue, sans ombre, des objets surgissent devant lui, avec brutalité et sans raison. Libre série de catastrophes sans fin, De commencements en commencements décrit la traversée d'un homme de paille, sans intériorité et sans parole.



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